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PARIS – Le ministre français de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a accusé Marine Le Pen d’avoir tenté de rejeter une enquête à son encontre comme étant politiquement motivée.
La critique intervient après que le Journal du Dimanche, un hebdomadaire, ait rapporté dimanche que le Rassemblement national avait mis en place «un système frauduleux organisé de détournement de fonds européens via [the creation of] faux emplois pour les assistants parlementaires », citant un rapport de police de 98 pages.
Le Pen, qui suit le président Emmanuel Macron dans les sondages avant les élections de 2022, a rejeté les allégations sur Twitter comme étant «rien de nouveau» et a montré au contraire à quel point elle se débrouillait dans les sondages.
“[Le Pen] utilise et exploite à son avantage cette enquête pour dire que la police, qu’elle soutient habituellement pour des raisons politiques, a obéi aux instructions du ministre de la Justice. C’est une double diffamation », a déclaré Dupond-Moretti dimanche soir à BFMTV.
«Alors j’ai téléphoné à la police pour leur demander de divulguer cette histoire? C’est un mensonge, c’est un scandale. Je demande à Marine Le Pen et à ses amis de respecter la police. Ils ne cessent de nous dire de respecter la police, sauf lorsqu’elle est dans la ligne de mire », a-t-il déclaré.
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Plusieurs personnalités du Rassemblement national ont déclaré que le rapport, publié quelques semaines avant les élections régionales, était politiquement motivé.
«C’est un vieux truc, une manipulation claire», déclare le trésorier du parti et co-accusé Wallerand de Saint-Just. «Eric Dupond-Moretti était au courant ou a ordonné le rapport de police.
“Il a dit qu’il allait traquer les électeurs du Rassemblement national, alors bien sûr qu’il était au courant de cela”, a-t-il dit, demandant pourquoi les policiers rédigeraient un rapport de synthèse au milieu de l’enquête.
Le ministre de la Justice se présente comme candidat à La République en marche dans la région nord des Hauts-de-France, bastion du Rassemblement national, aux élections régionales de juin.
Gardes du corps et officiels du parti
Des agents de l’unité de police anticorruption française OCLCIFF enquêtent sur plusieurs personnalités du Rassemblement national (RN) pour des allégations de détournement de fonds publics depuis 2016.
En 2018, Le Pen et 13 autres personnalités ont fait l’objet d’une enquête formelle pour corruption et ont été accusés d’utiliser des fonds de l’UE pour payer des responsables de la sécurité et du parti.
Selon le rapport de police divulgué par le Journal du Dimanche, le garde du corps de Le Pen, Thierry Légier, a perçu un revenu mensuel de plus de 9 000 € pour plusieurs mois de travail en tant qu’assistant parlementaire à temps partiel.
De Saint-Just a nié tout acte répréhensible. «Tous les assistants parlementaires ont œuvré en faveur de l’activité parlementaire de leurs députés européens», a-t-il déclaré.
«Le Parlement européen savait que cette assistante travaillait également comme garde du corps», a déclaré de Saint-Just. «Il y avait un arriéré de salaires impayés, il n’était pas payé 9 000 euros par mois.»
Le rapport de police divulgué donne des détails sur la manière dont le RN (anciennement le Front national) aurait organisé le prétendu détournement de fonds de l’UE après les élections européennes de 2014.
Selon le rapport du Journal du Dimanche, Le Pen a tenu une réunion avec les députés européens nouvellement élus à Bruxelles en juin 2014, les informant que le parti imposerait un certain nombre d’assistants. Le comptable belge Charles Van Houtte aurait mis en œuvre le système.
“Les enquêtes montrent qu’il a demandé aux députés du Front national de signer des autorisations de procuration pour avoir accès aux détails financiers et administratifs des budgets des députés”, écrivent des enquêteurs cités par le Journal du Dimanche. Plusieurs témoins interrogés par les enquêteurs affirment que Le Pen était au courant du système et le surveillait.
Selon de Saint-Just, Le Pen savait que les crédits étaient «mutualisés» et que les assistants ne sont pas forcément rémunérés par leur propre eurodéputé.
«Toutes les parties [at the EU Parliament] faites-le », a-t-il dit. «Elle était présidente du groupe et a joué un rôle dans l’organisation. Mais il n’y avait pas de soi-disant système ici. Les policiers jouent un vieux film dans leur tête.
Van Houtte n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
Barbes de trading
L’affrontement sur le rapport divulgué est le dernier d’une série d’affrontements entre Le Pen et Dupond-Moretti avant les élections régionales du mois prochain.
Tous deux se présentent comme candidats dans les Hauts-de-France: Le Pen comme candidat local dans la ville de Hénin-Beaumont, et Dupond-Moretti aux élections régionales.
Ils ont échangé des barbes, Dupond-Moretti ayant récemment qualifié le Rassemblement national de «danger pour la démocratie» et Le Pen qualifiant le ministre «d’activiste d’extrême gauche».
Mais en privé, Le Pen a confié que le ministre de la Justice est son «meilleur agent électoral» en raison de sa capacité à «attiser l’opposition des électeurs du Rassemblement national».
Maïa de la Baume a contribué au reportage.