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La croissance économique : un terme à redécouvrir

“Il n’y a que les fous et les économistes pour croire que nous allons pouvoir croître à l’infini.” disait Piero San Giogio, célèbre survivaliste suisse, auteur du livre Survivre à l’effondrement économique (2011). Longtemps considéré comme un indicateur tangible de la bonne santé économique d’un pays, la croissance voit aujourd’hui son importance remise en cause. Si le terme est toujours massivement utilisé par les médias et les gouvernements comme le cheval de guerre de l’économie, son importance réelle est plus relative, car sa détermination reste trop étroite. En effet, elle ne considère que l’augmentation continue de la quantité et de la qualité des biens et des services produits chaque année et laisse pour compte la croissance immatérielle (savoir-faire, etc). De plus, la volonté productiviste d’une croissance toujours plus importante se heurte actuellement à un cycle de stagnation de la croissance (pour les pays développés), et dans le cas d’une poursuite de ce modèle, arrivera une heure où l’on ne pourra plus croître. Alors faudra-t-il se demander si la croissance suffit-elle à assurer le développement d’un pays ?

Aspects théoriques

Définition et origine de la croissance

 1. Définition  Comment mesure-t-on la croissance économique ? On mesure la croissance par l’évolution du PIB déduction faite de l’évolution des prix. Parce qu’il est difficile de mesurer directement l’évolution des quantités produites, la croissance est calculée par différence entre l’évolution du PIB en valeur et l’évolution des prix (entre deux trimestres ou d’une année sur l’autre). C’est ce que les économistes appellent l’évolution du PIB en volume, exprimée en %.  2. Origine de la croissance a) Accumulation du capital
  • Accumulation du capital physique
La hausse de la productivité sera durable et forte si les travailleurs disposent d’une quantité croissante d’outils, d’équipements. Pour qu’une économie puisse croître à long terme, l’accumulation de capital est indispensable. Ceci implique de réinvestir chaque année une part des ressources produites, au lieu de tout consommer.
  • Accumulation du capital humain
Toutefois, l’accumulation du capital n’est productive que si les salariés sont formés pour s’adapter à son utilisation. L’éducation est considérée en économie comme un investissement en capital humain, qui permet d’augmenter la productivité. L’investissement en capital humain permet d’expliquer jusqu’à 25% de la croissance économique d’un pays, ce qui explique que l’éducation soit le premier poste de dépense publique des pays de l’OCDE. b) Progrès technique et innovation
  • Processus d’innovation
Depuis la révolution industrielle, les innovations ont une place centrale dans l’élévation de la productivité. Elles apparaissent de façon aléatoire et irrégulière. Les innovations sont l’application d’une invention scientifique dans la sphère de la production.
  • Progrès technique endogène
Même si le progrès technique est en partie imprévisible, il est déterminé aussi par les stratégies des entreprises et des pouvoirs publics. La théorie dite de la « croissance endogène » attribue à la recherche et développement (R&D) un rôle central dans le processus cumulatif de l’innovation. c) Amélioration de l’efficacité productive
  • Division du travail et intégration économique
La croissance économique est liée à l’augmentation de la quantité et de la qualité des facteurs de production. La croissance économique provient de la spécialisation de chacun dans ce qu’il sait faire le mieux. La différentiation et le commerce entre régions et entre pays ont pour conséquence une plus grande efficacité économique.
  • Rôle des entrepreneurs et des institutions
Les facteurs de production sont achetés et vendus par les entreprises. Les entreprises réalisant le plus de profit peuvent rémunérer plus cher les facteurs de production, et donc les attirer vers elles. 

Indicateurs et types de croissance 

Types de croissance

a) Endogène/exogène Endogène signifie que, dans le cadre de ces nouveaux modèles, la croissance s’explique par des variables et des réalités internes à l’économie et non pas par une variable exogène inexpliquée comme peut l’être le progrès technique. La croissance endogène est auto-entretenue, elle ne s’épuise pas et ne tend pas vers un état stationnaire. b) Potentielle/effective La croissance potentielle est la croissance économique résultant de la pleine utilisation des facteurs de production (capital et travail) sans tendances inflationnistes. La croissance effective est la croissance économique réellement constatée. L’écart entre croissance potentielle et croissance effective est appelé « output gap ».

Indicateurs de croissance 

a) PIB Le PIB ou produit intérieur brut est un indicateur économique de la richesse produite par année dans un pays donné. Cet indicateur représente la valeur ajoutée totale des biens et des services produits sur un territoire national. Il est utilisé pour mesurer la croissance économique d’un pays. Le rapport PIB/habitant est utilisé quant à lui pour mesurer le niveau de vie des habitants. b) PIN Le Produit intérieur net (PIN) est un agrégat économique mesurant la richesse produite dans un territoire donné, déduction faite des amortissements et des dépréciations des actifs de ce territoire. c) IDH L’indicateur de développement humain (IDH) a pour objectif de répondre aux insuffisances du PIB/habitant comme indicateur du développement d’un pays. Il a été créé par l’économiste indien et prix Nobel Amartya Sen en 1990. L’IDH est calculé par combinaison de trois autres indicateurs : espérance de vie, accès à l’éducation, PIB.

Cycles et théories de croissance 

1. Théories de croissance 

a) Modèle post-keynésien La théorie des post-keynésiens, l’un des premiers modèles keynésiens de croissance, analyse les conditions d’une croissance équilibrée à long terme. Sauf que, quelles sont les conditions d’une croissance équilibrée à long terme ? Harrod et Domar sont les deux principaux théoriciens post-keynésiens qui tentent de trouver une réponse à cette question. b) Modèle néo-classique En raison des rendements décroissants des facteurs de production, les économies vont atteindre un point où toute augmentation des facteurs de production n’engendrera plus d’augmentation de la production par tête. Ce point correspond à l’état stationnaire. Mais Solow estime que les économies n’atteignent jamais ce stade en raison du progrès technique qui accroît la productivité des facteurs. c) Modèle de la croissance endogène La théorie de la croissance endogène a pour objet d’expliquer la croissance économique à partir de processus et de décisions micro-économiques. Elle est apparue en réponse aux modèles de croissance exogène, en particulier le modèle de Solow, qui fondait la croissance économique sur le progrès technique, mais n’expliquait pas l’origine de ce progrès.

2. Cycles de croissance

a) Cycles courts (Juglar) Un cycle Juglar est un cycle économique (période d’une durée déterminée qui correspond plus ou moins exactement au retour d’un même phénomène) de l’ordre de 8 à 10 ans, aussi appelé cycle des affaires. Il présente un cycle qui n’a que trois phases du cycle économique traditionnel : expansion, crise et liquidation.  b) Cycles longs (Kondratiev) Un cycle de Kondratiev est un cycle économique de l’ordre de 40 à 60 ans aussi appelé cycle de longue durée. Mis en évidence dès 1926 par l’économiste Nikolai Kondratiev, il présente deux phases distinctes : une phase ascendante (phase A) et une phase descendante (phase B).  c) Cycles de Schumpeter
  • Destruction créatrice
La “destruction créatrice” désigne le processus continuellement à l’oeuvre dans les économies et qui voit se produire de façon simultanée la disparition de secteurs d’activité économique conjointement à la création de nouvelles activités économiques. L’expression est associée à l’économiste autrichien Joseph Schumpeter.
  • Grappes d’innovation
Joseph Schumpeter expliquait les cycles économiques par l’innovation et en particulier par les “grappes d’innovation”. Selon lui, le progrès technique est au coeur de l’économie et elles apparaissent en grappes ou essaims : après une innovation majeure, souvent une innovation de rupture due à un progrès technique, voire scientifique, d’autres innovations sont portées par ces découvertes.

Les acteurs

Relation entre la croissance et l’État

Impacts sur la société
  • Faits marquants de la croissance
S’il est établi qu’il n’y a eu quasiment aucune croissance avant la moitié du XVIIIe siècle, cet énoncé a grandement évolué grâce à la révolution industrielle ou les prémices du commerce international avec l’utilisation des voies maritimes. En effet, si le PIB mondial a été multiplié par plus de 40 depuis 150 ans, voici quelques-uns des principaux facteurs. 1. Fordisme a) Pourquoi ça a marché ? Le fordisme, en adaptant le modèle de l’industrie agro-alimentaire mis en place par les géants de l’époque qui parvenait à tuer, éviscérer et découper une vache en 15 min fut l’un des éléments marquants du début du XXe siècle. L’instauration de ce nouveau système de travail permit une explosion de la productivité ainsi que poser les bases de la consommation de masse avec l’accès facile et peu coûteux à la Ford T pour l’ensemble de la population.  b) Comment pourrait-on l’adapter à la société actuelle ? Si ce système a énormément apporté à la société du début du XXe siècle, son adaptation à la société occidentale actuelle paraît difficile tant les conditions de travail semblent éloignées des aspirations des nouveaux entrants sur le marché du travail. Cependant, dans les pays en développement, le faible éventail de tâches à réaliser, et la répétitivité de celles-ci, accomplies par les employés évoque fortement le fordisme. En effet, dans les usines des géants comme Nike, Adidas… chaque employé connaît son rôle et ne diversifie jamais son activité, en plus de travailler dans des conditions déplorables. 2. Émergence de la société de consommation  a) Pourquoi ça a marché ? Pour décrire l’état du capitalisme de l’après-guerre, le philosophe Jean Baudrillard estime que la consommation, qui était d’abord un moyen de satisfaire ses besoins primaires, est surtout devenue un moyen de répondre à une injonction visant à se différencier des autres. Elle crée de nouveaux liens sociaux artificiels, ainsi que de nouveaux symboles (de richesses et d’appartenances) “au détriment de l’environnement et en hypothéquant le futur de l’humanité.” La consommation croissante, voire la surexploitation de ressources naturelles est source d’une crise environnementale, mais aussi énergétique et climatique.  b) Comment pourrait-on l’adapter à la société actuelle ? Si de plus en plus d’acteurs s’accordent à dire que la société de consommation n’est pas une société viable sur le long terme, y vivre représente notre quotidien. Nous vivons une époque compliquée où les acteurs des pays riches se rendent compte des impacts environnementaux, mais ne veulent pas changer leurs habitudes, qu’elles soient économiques, industrielles ou sociales, et où les acteurs des pays pauvres souhaitent accéder à la même qualité de vie que les occidentaux. Peut-on vraiment blâmer la population chinoise de vouloir vivre dans le même confort qu’en France ? Peut-on fermer les yeux sur les émissions de CO2 de la Chine ? On ne peut sanctionner économiquement le leader mondial et sa population pour avoir les mêmes aspirations que nous, nous sommes donc dans une impasse qui frappe l’écosystème mondial de plein fouet. 3. Capitalisme industriel (capital placé dans l’industrie)  a) Pourquoi ça a marché ? Le capitalisme industriel s’est développé grâce aux innovations, techniques et financières, apportées par la révolution industrielle, et découle donc de celle-ci. Il s’articule autour de la production industrielle, qui était l’élément limitant.  b) Comment pourrait-on l’adapter à la société actuelle ? À l’époque, l’économie était alors dans une phase ou la demande était bien supérieure à la production, il était donc normal de privilégier l’industrie puisque c’était la capacité de production qui était limitée, et non la capacité de consommation. De nos jours, ce n’est plus le cas, il est donc difficile d’adapter le capitalisme industriel à l’époque actuelle. 4. Capitalisme financier (capital placé dans l’investissement -> capitaliste financier “investit” dans le capt indust.)  Le capitalisme financier fait son apparition au début des années 80, à la suite des chocs pétroliers. Il se base sur le profit, et l’importance accordée à l’actionnaire est très importante, ce qui lui vaut d’ailleurs d’être largement critiqué. En effet, il privilégie les bénéfices de l’actionnaire au détriment du bien-être des employés ou même parfois de la santé de l’entreprise. Dans ce type de capitalisme les banques ont également un rôle important. C’est le capitalisme tel que nous le connaissons à l’heure actuelle.

Crises

1. Épuisement du fordisme Le fordisme, bien qu’il ait énormément apporté en termes d’accès à la richesse pour les populations n’est pas satisfaisant pour les salariés, ceux ci “résistent”, s’absentent, sabotent les machines afin de travailler moins vite, etc. De plus dans les années 60, les nouveaux entrants sur le marché du travail ont été scolarisés et rejettent donc ces conditions de travail inacceptables à une époque où les critiques sur l’aliénation ouvrière et la division du travail au profit de revendications sur l’épanouissement au travail. De plus, la méthode Ford devient coûteuse puisqu’avec le nombre croissant d’employés, il faut embaucher des salariés “improductifs” afin de faire respecter les consignes à la division horizontale du travail. La production de masse se retrouve également face au problème de la qualité de la production, les entreprises doivent donc investir dans les SAV pour leur bien semi-durable (apparition de la garantie), une partie des gains de productivité assurés par l’organisation Fordiste sont annulés par ces coûts. Sans compter la mauvaise réputation acquise par les marques qui en plus de proposer des produits de faible qualité rencontrent donc des problèmes sociaux importants. 2. Problèmes monétaires Au commencement, le système monétaire international était régi par l’étalon-or La reconnaissance d’un mode de fixation, fixe ou flottant, des taux de change et d’un régime de convertibilité entre les monnaies ainsi qu’une solidarité financière entre les acteurs de l’économie. En France, au terme de deux ans de politique de stabilité, le gouvernement Poincaré, décida une dévaluation des 4/5 par rapport à la parité-or du «franc germinal». De 5,15 F en 1914, le dollar passa à 25,55F et la livre sterling de 25,22 F à 124,21 F. La conférence de Bretton-Woods, le 22 juillet 1944 créa des inégalités des pays entre eux, d’entrer des obligations inégales entre les États-Unis et les autres pays alors que les seconds étaient tenus de stabiliser la valeur extérieure de leur monnaie, les premiers garantissaient simplement le lien entre dollar et or. Chaque monnaie participant à ce système possédait une parité officielle par rapport à l’or ou au dollar. Les monnaies nationales étaient inconvertibles en or à l’exception d’une seule, le dollar. Ces mesures ont débouché en 1973 au début du flottement généralisé des taux de change entre les grandes monnaies et la disparition du système mis en place en 30 ans plus tôt. En effet, couplé au déséquilibre énoncé plus haut, le système se retrouve compromis, car si l’économie internationale réclamait toujours plus de liquidités, cela posait inévitablement la question de la solvabilité de l’émetteur de la devise-clé (le dollar que les EU ne voulaient pas déprécier). 3. Chocs pétroliers Le “choc pétrolier” fait référence aux conséquences sur l’économie mondiale (très dépendante de l’or noir) d’une modification subite de l’offre de pétrole impliquant une forte hausse des prix. En effet, une hausse du prix du baril entraînera une hausse du coût de production, baisse des consommations, et en dernier lieu des réductions d’activités et donc d’emploi. Après un choc, l’économie trouve son équilibre, mais la consommation de pétrole finit par baisser. Les combustibles étant consommés d’une façon relativement régulière et répartie dans le monde, et la production des combustibles fossiles autres que le pétrole étant également relativement moins concentrée, ce sont les ajustements de la production du pétrole qui sont le phénomène initial. À l’inverse, dans ces pays, une forte baisse des prix de même ampleur se traduit par une baisse des prix de revient, une hausse des profits, et éventuellement une hausse de l’activité et de l’emploi. Tout cela se fait à la satisfaction générale et s’étale dans le temps, ce qui ne provoque pas de choc.

Analyse de la croissance 

1. Modèle exogène (de Solow) C’est un modèle d’économie néoclassique développé par Robert Solow. Celui-ci considère que la croissance économique peut continuer indéfiniment grâce au progrès technique, en augmentant la productivité des facteurs de production. Cette théorie considère que le progrès technique est exogène à la croissance économique, c’est-à-dire qu’il dépend d’autres facteurs que celle-ci. La croissance n’est donc pas autoentretenue. 2. Modèle endogène En réponse au modèle de Solow, Paul Romer développe une théorie qui intègre le progrès technique à la croissance économique, de manière à ce que celle-ci devienne endogène. Celui-ci considère, contrairement à Solow, que le progrès technique n’est pas aléatoire, et qu’on peut donc trouver des explications à son développement. Romer constate notamment que le R&D, lui-même issu de la croissance économique, entraîne nécessairement un progrès technique, rendant celui-ci endogène à la croissance.  3. Innovation selon Schumpeter Il pense que l’innovation est au coeur de la croissance, mais il ajoute que l’entrepreneur est au coeur de celle-ci. Selon lui, d’une innovation majeure il découlera forcément de nombreuses autres innovations. C’est pourquoi il considère qu’elles apparaissent par « grappes ». Ces grappes vont influer sur les entreprises, en effet la nouvelle découverte va créer de l’emploi, mais dans un second temps va aussi faire disparaître les entreprises dépassées, et détruire des emplois. Ainsi il introduit le concept de « Destruction créatrice ».

La croissance économique est-elle une fin en soi ?

Indicateurs de bien-être

1. L’IDH d’Amartya Sen Les gouvernements et les organisations internationales s’occupant des crises alimentaires ont été influencés par les travaux de Sen. Il encourage ceux qui mettent en place ces politiques à faire attention non seulement à alléger la souffrance immédiate, mais aussi à trouver des moyens pour que les pauvres puissent combler le manque d’argent par exemple avec des projets de travaux publics ou le maintien de la stabilité des prix. En tant que vigoureux défenseur de la liberté politique, Sen pense que les famines n’ont pas lieu dans les démocraties qui fonctionnent, car leur leader est plus sensible aux demandes des citoyens. Pour arriver à une croissance économique, il pense que des réformes sociales de même que des améliorations dans l’éducation et la santé publique doivent être menées avant des réformes économiques. 2. Le bonheur de Daniel Cohen Aujourd’hui, ces liens de solidarité sont rompus par une recherche effrénée de l’efficacité et une mise en compétition générale des salariés entre eux. Le management par le stress débouche sur des formes nouvelles d’aliénation individuelle qui laisse le salarié seul avec son angoisse de perdre son emploi. Le licenciement est, avec le divorce, l’une des deux grandes sources du malheur des individus, nous apprennent les sociologues. La boucle est bouclée de la perte du bonheur, l’économie progresse, mais non les satisfactions. Quel espoir? Remettre l’économie, celle de la compétition exacerbée, à sa place. L’homo economicus ne fait pas son bonheur. Il faut en revenir à ce qui fait «une bonne vie», qui n’est pas seulement l’argent. Il faut développer les formes de coopérations et de solidarités et il y a beaucoup d’espace pour cela, dans la santé par exemple. Il faut apprendre d’Amartya Sen, que chacun doit être «équipé» dans la vie pour pouvoir jouir de ses libertés et que l’État-providence doit se renouveler entièrement pour donner cette «capabilité» aux gens. Nous sommes plus prospères, mais plus barbares: Daniel Cohen nous dit pourquoi aspirer à des temps nouveaux.

La croissance économique n’est pas représentative de la santé économique d’un pays

Un pays en développement peut avoir une forte croissance L’inflation des coûts du travail est le principal facteur du ralentissement de la croissance. “La Chine a dépassé les Philippines et la Thaïlande. Produire en Chine est moins intéressant que ça n’a pu l’être. Cette hausse des coûts sévère fait perdre l’avantage concurrentiel que le pays avait. De moins en moins de jeunes arrivent sur le marché du travail, ce qui veut dire une hausse des coûts du travail, car les patrons sont obligés d’augmenter les taux de salaire horaire”. Le coût de la pollution “est négligé” par les autorités, et il devient de plus en plus important, un “coût caché” nuisant à la croissance du géant asiatique. Il s’établit à 1.400 milliards de dollars par an. L’industrie manufacturière chinoise est loin de fonctionner à plein régime. Elle est restée la majeure partie de l’année dans le rouge, c’est-à-dire sous la barre des 50 qui indique que l’activité manufacturière se contracte. Cela provoque des surcapacités (capacité de production excédentaire par rapport aux besoins) dans l’acier, le fer, l’aluminium et le ciment. Les exportations chinoises ont particulièrement souffert en 2015 et, prises en compte seules, on pourrait penser qu’elles ont plombé la croissance. Elles ont diminué de 1,8% (contre une hausse de 2,28% en 2014) en valeur par rapport à 2014. S’ils n’ont donc qu’un caractère indicatif, ces chiffres donnent néanmoins une image générale de l’état de l’économie. Elle ralentit sensiblement, malgré les efforts importants déployés par le gouvernement. Actuellement, le colosse chinois montre des signes de faiblesse. Il y a eu au début de l’été 2015 la déroute boursière. Afin d’enrayer la chute des cours, Pékin a ordonné que les actionnaires détenteurs de plus de 5% des titres d’une entreprise n’aient pas le droit de vendre leurs actions au cours des trois prochains mois. Du marché boursier, les atermoiements de Pékin se sont déplacés sur le marché des changes. L’idée de la banque centrale chinoise est d’empêcher une trop forte dépréciation du yuan. Mais là encore, l’opération a un coût élevé. Les autorités ont dû puiser dans les réserves de change. Celles-ci, les premières de la planète, à 3 300 milliards de dollars, ont fondu en 2015 de 512 milliards de dollars. Ces chiffres donnent une idée de l’ampleur des interventions qui sont actuellement nécessaires pour s’assurer que, malgré le ralentissement, le yuan ne se déprécie pas plus vite que Pékin ne l’entend.

CONCLUSION

L’observation des tendances longues de la croissance économique permet de remarquer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement régulier et harmonieux. Des périodes exceptionnelles émergent (les célèbres « Trente Glorieuses » des années 1945-1975), mais aussi des périodes de crise (1929 ou 2008), venant interrompre le trend (« tendance ») de croissance. Cette configuration cyclique de l’activité économique, étudiée notamment par l’économiste autrichien J. Schumpeter, serait liée, selon cet auteur, au processus de « destruction créatrice » engendré par le rythme discontinu de l’innovation (grappes d’innovations). Celle-ci, avant de produire ses effets bénéfiques, disqualifie les produits et les modes de production antérieurs, engendrant des périodes de ralentissement économique, voire de dépression, génératrices de faillites et de chômage, avant qu’un nouveau cycle de croissance ne s’amorce.

L’exemple de la Chine…

Les institutions publiques sont un acteur important de la croissance. Elles favorisent l’innovation en prenant en charge une partie des dépenses de recherche et du développement, ainsi que celles concernant l’éducation du capital humain. Par ailleurs, la croissance économique exige un environnement économique et politique stable, ainsi que des institutions fortes. Les institutions publiques ont donc un rôle à jouer en garantissant la stabilité de l’environnement des agents économiques. Ainsi, l’existence de droits de propriété donne aux agents la garantie de pouvoir bénéficier de leurs innovations. Ces droits de propriété permettent l’existence de brevets, ceux-ci donnant à l’entreprise innovatrice une situation temporaire de monopole. Les institutions publiques assurent donc un environnement stable aux agents économiques grâce aux règles mises en place par les pouvoirs publics.

Rôle de la croissance pour l’Etat

Les états ont tout intérêt à enregistrer une croissance économique forte et positive. En effet, celle-ci apporte de nombreux bénéfices: amélioration du niveau de vie et du pouvoir d’achat, augmentation de l’espérance de vie, meilleure scolarisation, baisse de la pauvreté et du chômage, stabilité politique, baisse des risques liés à la guerre… Enfin, la croissance reste la seule unité de mesure économique “comprise” par les populations et donc très largement utilisée pour justifier les décisions économiques prises par les gouvernements.

Rôle du système bancaire

1. Théorie keynésienne  Selon la théorie keynésienne, dans une économie moderne, les banques ont pour principale fonction de créer la monnaie. En effet, lorsque les entreprises emploient des salariés, d’une part les salariés n’acceptent généralement pas d’attendre la fin du processus de production pour être payés, d’autre part ils ne veulent pas non plus être payés en biens ou services produits par l’entreprise, mais en monnaie afin de pouvoir acheter ce qu’ils veulent, quand ils veulent. Le rôle du système bancaire est de permettre aux entreprises de payer leurs salariés indépendamment du déroulement et du résultat de leur processus de production. 2. À l’origine de « tout type » de croissance grâce aux prêts “La fonction d’intermédiation bancaire est un élément fondamental du processus de croissance économique et de développement. Un secteur financier viable, diversifié et efficace est donc indispensable à une croissance économique vigoureuse et soutenue. Un système bancaire performant conduira en effet à une accumulation rapide de capital physique et humain, stimulera l’innovation technologique et créera ainsi les conditions propices à la croissance économique et la réduction de la pauvreté”. (Jures MITUGA TSHIKURU).

Rôle des entreprises

L’investissement des entreprises joue un rôle majeur dans la croissance économique, que ce soit du côté de la demande et du côté de l’offre. Les consolidations budgétaires réussies des années 1990 aux États-Unis, en Suède, au Canada, en Finlande… ont toutes débuté par un redressement de la croissance lié à celui des profits et de l’investissement.  Du côté de l’offre Il est démontré que l’insuffisance de l’investissement productif et de l’accumulation de capital conduit à une situation catastrophique: incapacité de l’offre domestique de répondre à la demande, recul du progrès technique, déficit extérieur chronique. 

Rôle des consommateurs

La croissance ne dépend pas uniquement de l’offre. Elle dépend aussi de la demande et les consommateurs ont donc un rôle à jouer. En effet, la consommation finale des ménages est le principal emploi des ressources créees par la production (elle représente 60% du PIB en France). Celle-ci est plus stable que les autres emplois (investissements, exportations). En période de crise, elle permet d’atténuer la baisse de la croissance. Le chiffre ferait bondir de joie les dirigeants politiques, pas en Chine. Outre qu’avec 6,9 % de croissance sur l’année la Chine manque de 0,1 point l’objectif fixé par le gouvernement, ces données alimentent les spéculations quant à la vitalité de l’économie et la capacité de Pékin d’adopter la bonne politique économique pour s’adapte.
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