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« On a remis les gaz donc, problème de commandes de vol, l’avion a fait à peu près n’importe quoi »
Peu avant 10H, le 5 avril dernier, le vol Air France AF011 en provenance de New York prépare sa phase d’atterrissage sur la piste n°26 de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. A son bord, 177 passagers et 15 membres d’équipage qui ont pu profiter de bonnes conditions de vol. Mais alors que l’appareil se trouve à 340 mètres d’altitude, le commandant de bord et le copilote interrompent la descente et remettent les gaz, une procédure à laquelle ils sont formés et qui est courante. Dans un enregistrement audio, l’un des pilotes dit à son collègue « Stop, stop » avant de déclarer à la tour de contrôle « On a remis les gaz, 4000 pieds, on va les maintenir, on va vous rappeler ». Les pilotes expliquent ensuite aux contrôleurs qu’ « on a remis les gaz donc, problème de commandes de vol, l’avion a fait à peu près n’importe quoi ». Des enregistrements qui témoignent, selon Bertrand Vilmer, que « tout le monde a bien fait son travail » à première vue. Lors de l’écoute de ces enregistrements, on distingue également une alarme, un point « normal » qui prouve que le système de protection est bel et bien fonctionnel. L’avion se posera finalement sans heurt après une seconde approche. L’action aura duré moins d’une minute. Pour le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), cette remise de gaz ne semble pas justifiée car « jusqu’à la remise des gaz, la trajectoire est restée dans les critères de stabilisation de l’exploitant ». Que s’est-il alors passé ?Bertrand Vilmer : le risque réel de cet « incident grave »
Suite à cet incident, le BEA parle « d’instabilité des commandes de vol en finale, de dureté des commandes et d’oscillations de trajectoire ». L’organisme a rapidement décidé d’ouvrir une enquête afin d’en déterminer les causes, le considérant comme un « incident grave », notamment du fait qu’il soit intervenu lors d’une phase d’approche qui est considérée comme celle où le risque est le plus élevé (au même titre que la phase de décollage). Pour rappel, la nomenclature de l’aviation civile internationale définit un incident grave comme un « incident dont les circonstances indiquent qu’il y a eu une forte probabilité d’accident ». Bertrand Vilmer ajoute à ce sujet que cet incident représente un risque réel en cela que les pilotes ne parvenaient plus à contrôler l’appareil : « On voit sur le tracé radar une embardée significative sur la gauche, à 350 m du sol, alors que l’avion, de près de 300 tonnes, était à une vitesse de plus de 200 km/h ». Le risque ? Que l’appareil s’écrase au sol.Les motifs des incidents aéronautiques expliqués par Bertrand Vilmer
Les incidents dans le domaine aéronautique peuvent être imputés à trois facteurs, à savoir :- l’aspect humain, avec le pilotage ;
- l’aspect mécanique, autrement dit l’avion en tant que tel ;
- l’aspect environnemental, comme les conditions météorologiques ou encore la présence d’oiseaux.