La Commission européenne fera pression sur l’Irlande pour qu’elle aborde la «planification fiscale agressive» dans les plans nationaux pour dépenser sa part des 750 milliards d’euros de financement de la relance économique Covid-19 de l’UE, comprend l’europe-infos.fr.
L’Irlande devrait recevoir des centaines de millions d’euros de subventions et de prêts au cours des trois prochaines années dans le cadre du plan de relance, mais elle doit présenter un plan sur la manière dont elle dépensera l’argent liquide qui doit être approuvé par la Commission.
Les États membres doivent s’engager à utiliser l’argent pour des investissements qui renforcent leurs économies pour l’avenir, en particulier dans la numérisation et les initiatives vertes, afin d’obtenir le feu vert.
Mais la commission insistera également pour que les gouvernements acceptent de mettre en œuvre une longue liste de réformes recommandées, connues sous le nom de «recommandations spécifiques aux pays», pour que leurs plans de dépenses soient signés et que les fonds soient libérés.
Cela comprendrait des mesures visant à «combler les lacunes de leurs codes fiscaux, à moderniser / numériser l’administration fiscale et à promouvoir une culture de conformité», selon un document de la commission.
Le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, a confirmé que les réformes fiscales figuraient sur la liste des souhaits de la commission en ce qui concerne le plan de relance national de l’Irlande, dans une réponse écrite fournie au député européen du Sinn Féin, Chris MacManus, vue par l’europe-infos.fr.
«Il est important de renforcer la lutte contre l’évasion fiscale et de combler les lacunes qui peuvent conduire à des situations de double non-imposition», a écrit M. Gentiloni.
«Dans le contexte irlandais, le niveau élevé des paiements de redevances et de dividendes en pourcentage du produit intérieur brut suggère que les règles fiscales sont utilisées par les entreprises qui se livrent à une planification fiscale agressive.
‘Progrès substantiels’
«Les plans de relèvement et de résilience des États membres devraient contribuer à relever efficacement tous ou un sous-ensemble significatif des défis identifiés dans les recommandations spécifiques aux pays concernés, y compris les aspects fiscaux», a-t-il ajouté.
«À moins que la commission n’évalue les progrès accomplis avec ces recommandations comme des« progrès substantiels »ou une« mise en œuvre complète », toutes les recommandations par pays sont pertinentes.»
La Commission européenne subit une pression intense de la part d’États membres plus conservateurs sur le plan budgétaire pour contrôler étroitement la façon dont les fonds de récupération sont dépensés et s’est engagée à utiliser des «critères stricts».
Dans ses recommandations 2020 pour l’Irlande, la commission a écrit qu’un niveau élevé de certains paiements aux actionnaires en pourcentage du produit intérieur brut national indiquait que les entreprises utilisaient les règles fiscales irlandaises pour la planification fiscale agressive.
Il a fait valoir que s’attaquer au problème «est essentiel pour améliorer l’efficacité et l’équité des systèmes fiscaux», et que l’élargissement de l’assiette fiscale rendrait également les comptes publics de l’Irlande «plus résistants aux fluctuations économiques et aux chocs idiosyncratiques».
Dans les premiers projets de plans de dépenses nationaux des États membres de l’UE, la question de la planification fiscale agressive «n’est pas abordée», selon un document de la commission, qui note que les mesures déjà prises «ne résolvent que partiellement» le problème.
Dynamique internationale
Le ministre des Finances Paschal Donohoe a défendu le bilan de l’Irlande en matière de fiscalité dans un discours clé la semaine dernière, dans lequel il a déclaré que le pays «s’était pleinement engagé à faire des progrès massifs» en matière de transparence fiscale et de réformes.
M. Donohoe a reconnu qu’il existe une dynamique internationale pour parvenir à des accords internationaux sur la fiscalité numérique et les taux minimums d’imposition des sociétés. Mais il a défendu le taux d’imposition de 12,5% de l’Irlande comme étant juste et a déclaré que la politique fiscale était essentielle pour aider les petits pays à être compétitifs, «en tant que levier légitime pour compenser les avantages d’échelle, de localisation, de ressources, de patrimoine industriel et l’avantage réel, matériel et persistant dont ils jouissaient. par les grands pays ».
La date limite initiale pour soumettre les plans de dépenses nationaux était vendredi, mais l’Irlande a reçu une prolongation avec plusieurs autres États membres et devrait soumettre le document de 1 000 pages en mai. La commission devrait recevoir une douzaine de plans nationaux d’ici ce week-end.
L’Irlande fait partie des pays de l’UE qui n’ont pas encore ratifié un élément clé du plan de relance de l’UE, permettant à la commission d’emprunter pour collecter des fonds, ce qui nécessite l’approbation des parlements nationaux.
L’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont lancé un appel conjoint aux parlements nationaux pour qu’ils approuvent le plan dès que possible afin que l’argent puisse commencer à affluer pour stimuler les économies frappées par la pandémie. avec la ministre espagnole de l’Economie et vice-Premier ministre Nadia Calviño insistant sur le fait que «le temps presse».