Michel Barnier a averti que la paix en Irlande reste menacée de «la moindre étincelle» au milieu des actions britanniques provocantes sur le protocole de l’Irlande du Nord.
Dans un post-scriptum à La Grande Illusion, son journal des négociations sur le Brexit qui sera publié jeudi en français, M. Barnier condamne également la brève menace de la Commission européenne de déclencher l’article 16 du protocole pour protéger l’approvisionnement en vaccins contre le coronavirus.
«Il était absolument nécessaire que la Commission européenne corrige très rapidement l’erreur commise le 29 janvier», écrit le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit.
«Cela allait directement à l’encontre de nos efforts et de l’attitude responsable que nous avions eue au cours des quatre années et demie précédentes, précisément pour éviter le retour d’une frontière dure au milieu de l’île d’Irlande, souvent face aux provocations britanniques. Et ces provocations continuent, malheureusement.
M. Barnier félicite Leo Varadkar et Simon Coveney pour leur conduite pendant les négociations, mais il décrit comment il a averti l’ancien taoiseach que l’Irlande devait se préparer aux conséquences d’un Brexit sans accord.
«Nous devons être clairs entre nous. Les contrôles destinés à protéger le marché intérieur doivent être mis en œuvre quelque part. Soit autour de l’île, soit à l’intérieur de l’île. Ou sur le continent, avec le risque d’exclure l’Irlande du marché unique, ce que nous ne voulons pas », a-t-il déclaré à M. Varadkar.
M. Barnier a déclaré que les responsables irlandais ont exclu de préparer le rétablissement d’une frontière physique, suggérant que le renforcement des contrôles existants pourrait protéger le marché unique de l’UE jusqu’à ce qu’une solution à plus long terme soit trouvée et appelant à la flexibilité des autres États membres et de la Commission.
Critique unioniste
Il critique l’approche inflexible adoptée par le DUP, admettant avoir eu du mal à rester calme lors d’une rencontre avec Arlene Foster et Diane Dodds. Il accuse le parti de rejeter toutes ses propositions pour traiter la question de la frontière mais de ne pas proposer d’alternatives réalistes.
Bien qu’il exprime sa sympathie pour Theresa May, il se dit étonné lorsque, dans le discours du Premier ministre de l’époque à Lancaster House en janvier 2017, elle a tracé les lignes rouges de la Grande-Bretagne, notamment en quittant le marché unique et l’union douanière.
«Les conséquences de ces décisions ont-elles été réfléchies, mesurées, discutées? Se rend-elle compte que cela exclut presque toutes les formes de coopération que nous avons avec nos partenaires? » il écrit.
«Je suis étonné de la façon dont le Premier ministre a montré sa main.»
Il suggère que Boris Johnson a attendu que le résultat de l’élection présidentielle américaine de novembre 2020 soit clair avant d’abandonner les clauses de la loi sur le marché intérieur qui auraient permis au gouvernement britannique de suspendre unilatéralement le protocole.
M. Barnier rappelle son implication dans la canalisation des fonds européens pour soutenir le processus de paix en Irlande du Nord lorsqu’il était commissaire européen et décrit ses sentiments au début des négociations sur le Brexit après avoir rencontré des personnes qui vivaient le long de la frontière.
«Je me suis promis dans cette négociation de ne pas alimenter les polémiques et les attaques des tabloïds britanniques, de prêter attention aux mots que j’utilise, de m’en tenir aux faits, aux chiffres, aux fondamentaux juridiques, bref, laisser peu de place à l’émotion et les sentiments, par souci d’objectivité. Mais ici en Irlande. . . il est difficile de ne pas être touché par la sensibilité, l’émotion de ceux qui s’expriment, les souvenirs qui me rappellent cette tragédie », écrit-il.