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La France se dirige vers la fixation de 15 ans comme âge de consentement. Qu’est-ce qui a pris si longtemps?

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La France pourrait bientôt avoir un âge légal du consentement.

L’Assemblée nationale française a voté mardi le renforcement de l’arsenal juridique du pays contre les abus sexuels sur mineurs. Le sujet a été relancé après que des allégations d’abus incestueux aient secoué l’élite intellectuelle française.

Le projet de loi, qui doit encore passer par le Sénat, vise à établir un âge du consentement dans un pays où la législation protégeant les enfants de moins de 15 ans contre les prédateurs sexuels est souvent considérée comme «ambiguë».

Une demande de longue date des militants, la nouvelle loi comble un trou dans la législation qui a mystifié la presse internationale et a contribué à l’image du pays – à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de ses frontières – en tant que retardataire en matière de lutte contre les violences sexuelles.

Voici ce que vous devez savoir sur le projet de loi et sur l’approche actuelle du pays pour punir la violence sexuelle sur les mineurs.

Qu’est-ce qui est considéré comme un viol en France?

La France, comme une majorité de pays européens, utilise des lois «fondées sur la coercition» en matière de viol et d’agression sexuelle. Le viol est défini en droit français par la pénétration sexuelle par «violence, contrainte, menace ou surprise», la charge de la preuve étant la même pour les mineurs et les adultes victimes.

Ce système juridique diffère de la législation «basée sur le consentement» que l’on trouve dans une douzaine de pays européens tels que l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni, la Grèce ou les États-Unis. Ces systèmes définissent le viol comme un sexe sans le consentement d’une partie.

Dans certains pays, les rapports sexuels avec un mineur de moins d’un certain âge sont traités comme un viol quelles que soient les circonstances – défini comme un viol statutaire.

Des ONG telles qu’Amnesty International ont plaidé pour un passage à un système basé sur le consentement en France, car des études montrent que les victimes, en particulier les mineurs, «gèlent» souvent lorsqu’elles sont violées, ce qui signifie que l’auteur n’utilise pas nécessairement la violence ou autre formes de coercition.

Cela signifie-t-il qu’il est légal d’avoir des relations sexuelles avec un enfant s’il n’y a pas de coercition?

Non. Les actes sexuels sans «violence, contrainte, menace ou surprise» entre un adulte et un mineur de moins de 15 ans, ou un mineur entre 15 et 18 ans sur lequel l’adulte a autorité, ne sont pas considérés comme un viol mais constituent une autre infraction appelée atteinte sexuelle sur mineur, qui se traduit vaguement par un acte sexuel avec un mineur.

Viol et atteinte sexuelle sont poursuivis et punis très différemment. Les personnes reconnues coupables d’avoir violé un mineur de moins de 15 ans peuvent encourir jusqu’à 20 ans de prison, tandis que les personnes reconnues coupables atteinte sexuelle encourent une peine pouvant aller jusqu’à sept ans. Les personnes accusées de viol passent devant un tribunal pénal avec un jury, tandis que les personnes inculpées de atteinte sexuelle face à des juges dans un tribunal inférieur différent.

Le seuil de preuve pour un atteinte sexuelle est inférieur à celui du viol, ce qui a conduit au résultat controversé de la poursuite de certaines affaires comme infraction moindre pour des raisons d’opportunisme.

Qu’est-ce que le projet de loi changerait?

Le texte actuel du projet de loi ne changerait pas la législation française fondée sur la coercition. Cependant, «tout acte de pénétration sexuelle… effectué par une personne ayant atteint l’âge de la majorité sur un mineur» de moins de 15 ans serait désormais considéré comme un viol. Cela crée effectivement un âge du consentement à 15 ans. Il est porté à 18 ans en cas d’inceste.

Une disposition dite «Roméo et Juliette» dans le projet de loi stipule qu’un délai de cinq ans est nécessaire pour la condamnation. «Je ne veux pas envoyer un enfant de 18 ans devant un tribunal pénal parce qu’il a eu une relation consensuelle avec une fille de 14 ans et demi», a déclaré le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, lors des débats à l’Assemblée nationale. .

Le projet de loi vise également à élargir la prescription pour les délinquants multiples. Si une personne est soupçonnée d’avoir violé plusieurs mineurs, le délai de prescription est prolongé à 30 ans après le dernier délit présumé. Actuellement, chaque infraction a son propre délai de prescription de 30 ans.

Qu’est-ce qui a déclenché le changement?

Plusieurs affaires très médiatisées ont relancé le débat de longue date en France sur l’âge du consentement.

En 2017, un tribunal pénal de Melun a acquitté un homme accusé de viol après avoir fécondé un enfant de 11 ans qu’il venait de rencontrer dans un parc. Puisqu’il n’y a pas eu de violence, de contrainte, de menace ou de surprise, le jury n’a pas considéré cela comme un viol. Il a ensuite été condamné en appel.

La même année, Mediapart a révélé qu’un homme de 28 ans qui avait eu des relations sexuelles avec une fille de 11 ans qu’il avait amenée à son appartement avait été inculpé atteinte sexuelle par un procureur, après que la fille et sa famille aient déposé une plainte pour viol. Le tribunal correctionnel chargé de l’affaire a demandé qu’elle soit réexaminée.

La jeune ministre Marlène Schiappa, qui était alors secrétaire d’État à l’égalité des sexes, a proposé l’instauration d’un âge effectif de consentement à 15 ans dans un projet de loi destiné à lutter contre les violences sexuelles. Mais les dispositions connexes ont été abandonnées après que le Conseil d’État eut indiqué qu’elles pouvaient être jugées inconstitutionnelles.

Au début de cette année, des allégations d’abus incestuels contre Olivier Duhamel, l’un des politologues les mieux connectés en France, et l’effusion de témoignages de victimes d’inceste, ont incité le président français Emmanuel Macron à faire pression pour une nouvelle législation protégeant les mineurs contre les abus sexuels.

“Nous sommes ici. Nous sommes à votre écoute. Nous te croyons. Et vous ne serez plus jamais seul », a déclaré Macron à l’époque.

Que ce passe t-il après?

Le projet de loi va maintenant être examiné par le Sénat, qui l’a initialement présenté et pourrait modifier le texte. Dans son premier projet de loi, voté en janvier, la chambre avait fixé l’âge du consentement à 13 ans.

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